Nantou-Mining, filiale de la société Trevali exploite le zinc de Perkoa. Docteur Daniel Marini, directeur général et vice-président des opérations de Nantou-Mining. Titulaire de 02 doctorats (en géologie et en géologie minière), il a exercé dans de nombreux pays d’Océanie et d’Afrique. Il informe sur les mesures prises par sa société pour faire face au Covid19. 

L’Economiste du Faso : Quelles sont les précautions prises par la société pour la protection des travailleurs face au Covid-19 ?

Dr. Daniel Marini : Depuis le tout début de la crise du covid19, une cellule de crise a été mise en place par la direction qui, quotidiennement se penche sur les solutions idoines en réponse au covid19. La mine à travers son équipe de Sécurité, d’ERT (équipe d’Urgence), son équipe médicale et de Santé et de Sécurité au Travail a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation à l’égard de tous les employés. Des dispositifs de contrôles du personnel et de surveillance sont déployés partout de l’entrée dans les transports, à l’entrée du camp, etc., etc. Plusieurs consignes sont données pour se protéger et protéger les autres. Ces consignes, qui ne sont pas négociables, sont issues des recommandations nationales et de nos nombreuses procédures. Nous faisons de la santé et la sécurité notre priorité depuis fort longtemps et avec le covid19, le renforcement des actions est très visible sur le terrain. En exemple, deux (02) médecins ont été recrutés afin de renforcer l’équipe qui dispose déjà d’un médecin et de deux (02) attachés de santé. Des Equipements de protection Individuelle (EPI) sont distribués régulièrement et nous entretenons des E-Toolbox (réunions en vidéoconférences) avec l’ensemble de tous les travailleurs, afin de discuter et de répondre à leurs préoccupations.

Des nouvelles formes de rotations du temps de travail sont en cours afin de réduire le nombre de travailleurs présents à la fois sur site tout en gardant les performances de la mine. J’organise chaque semaine des réunions en visioconférence avec les représentants du personnel pour échanger sur les préoccupations des travailleurs.

Sur le site, nous sommes passés de 150 à plus de 400 personnes logées. De nombreuses personnes non prioritaires au système en temps de crise, ont été mises en congés. Les relations externes sont coupées depuis longtemps et les gens ne sortent plus du camp. Nous avons pratiqué très tôt la distanciation sociale à notre niveau. Au regard de l’actualité sanitaire mondiale, bien avant les premiers cas déclarés au Burkina Faso, Nantou Mining a élaboré une procédure interne de riposte contre la covid-19. Dans cette procédure par exemple, les expatriés qui revenaient de leurs congés étaient systématiquement placés sous le régime du confinement 14 jours durant pour s’assurer qu’il n’y ait rien. Ils avaient aussi l’obligation de renseigner une fiche journalière qui traçait leur mouvement. Nous avons anticipé en prenant des mesures préventives.

Avez-vous eu des cas de Covid-19 dans la société ?

Nous n’avons pas enregistré des cas confirmés sur site. Par contre, deux (02) personnes ont contracté le virus, elles sont à Ouagadougou, mais elles n’ont eu aucun problème de santé et ont toutes les deux étés testées négatives à la suite par la suite. Une personne a d’ailleurs déjà repris le travail. Toutes les personnes en contact de près ou de loin ont été mises en quarantaine et ont été surveillées chaque jour suivant les protocoles. Au pic de la quarantaine, nous avons eu 68 personnes entre Ouaga et ici. Le 09 avril, il en reste uniquement 01 personne sur Ouaga.

Est-ce qu’une fermeture momentanée la mine peut être envisagée ?

La mine devait fermer en 2021 (fin des ressources et réserves), mais nous avons pu prolonger la mine jusqu’en 2023. Si nous étions amenés à fermer aujourd’hui ce serait une catastrophe pour 1.000 familles et étant donné la petite durée de vie restante, personne ne pourrait garantir sa réouverture !

Quelles sont les mesures prises pour accompagner la localité qui abrite la minière ?

La section Communauté de la mine travaille en étroite relation avec les villages environnants. Des campagnes de sensibilisation sont faites autour des 13 localités ou villages qui bordent la mine. Des crieurs publics et les Comités villageois de développement ont été contactés et formés afin de relayer les informations importantes comme les précautions et le comportement à adopter en cas d’apparition des symptômes.

Rencontrez-vous des difficultés dans la mise en œuvre des mesures prises par le gouvernement ?

Nous respectons scrupuleusement les mesures prises par les autorités. Nous sommes convaincus que ces mesures sont prises pour le bien de toute la population. En cas de besoin, nous faisons recours aux autorités administratives afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour nos déplacements. Notre département juridique nous informe de tout changement.

Quelle est l’impact économique de la maladie sur la mine ?

Depuis le début de cette pandémie, nous constatons une baisse importante et progressive du prix du zinc entre 25 et 30%. Cette baisse a un impact sur notre chiffre d’affaire.

Jusqu’à présent, nous parvenons à exporter nos concentrés sans problème, car les marchandises sont exemptées de différentes restrictions. Mais si cela venait à changer, nous serions très sérieusement affectés.

Pour éviter les pénuries de consommables essentiels, nous avons passé de très grosses commandes auprès de différents fournisseurs, qui génèrent une pression énorme sur notre trésorerie. Nous hébergeons présentement 406 agents sur site (environ 150 au maximum avant la crise) pour limiter les entrées et sorties de notre site. Nous nous attendons donc à une augmentation significative des coûts annexes.

Propos recueillis par J B

 

Encadré

Nantou-Mining produit environ 160 000 tonnes de zinc l’an

La mine et les usines de valorisation du zinc est le seul site minier et industriel non aurifère du Burkina. Elle produit environ 160 000 t de concentré de zinc par an, soit de l’ordre de 70 000 t de zinc métal. Environ 800 personnes sont employés par Nantou-Mining et ses sous-traitants. Avec les emplois indirects, cela représente plus de 1.000 familles qui vivent de Perkoa. L’immense majorité sont burkinabés (95%) et la grande majorité provient de la région et des village environnant. Perkoa a atteint en février 2020 plus de 9,3 millions d’heures sans accident du travail avec arrêt, ce qui est un résultat de classe mondiale.

Source : L’Economiste du Faso numéro 340

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