Le Comité de pilotage de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives au Burkina Faso (ITIE-BF) tient sa première session extraordinaire de l’année ce 7 mai 2019 à Ouagadougou. Cette session qui connaît la participation de deux experts du secrétariat international de l’institution, venus d’Oslo (Norvège), est l’occasion notamment de discuter de la mise en œuvre des mesures correctives relatives à l’évaluation du Burkina Faso en 2017, afin que le pays passe un autre palier dans le concert des nations où la transparence est un sacerdoce dans l’extraction des ressources naturelles.
Le Burkina Faso continue sa longue marche vers la transparence dans l’exploitation de ses ressources naturelles. Actuellement logé dans la catégorie des pays ayant fait des « progrès significatifs » dans la mise en œuvre des exigences de la norme ITIE, le pays ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Il y a d’autres paliers à franchir puisque la grille comprend la catégorie des « progrès satisfaits » (plus forte performance), celle des « progrès significatifs », celle des « progrès inadéquats » et celle des « aucun progrès ». Plus qu’une marche à gravir donc.
Depuis 2009, la mise en œuvre des exigences de la norme ITIE au Burkina Faso fait l’objet d’évaluations donnant lieu à un rapport de validation assorti de recommandations ou mesures correctives à satisfaire en vue de permettre au pays d’aller de l’avant dans la mise en œuvre de ces exigences, a expliqué Seglaro Abel Somé, secrétaire général du ministère de l’économie, des finances et du développement (MINEFID), président du comité de pilotage ITIE-BF.
C’est donc dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des mesures correctives relatives à l’évaluation de l’année 2017 que se tient cette première session extraordinaire. Autour de la table, l’administration publique, la société civile et les sociétés minières. Les discussions se mènent autour de la gouvernance interne du comité de pilotage qui est le groupe multipartite de suivi de la mise en œuvre de l’ITIE-BF, du mécanisme de déclaration des informations par projet dans les rapports ITIE, de la divulgation systématique des données du secteur minier. Ce rendez-vous est aussi l’occasion de se pencher sur la publication des identités des propriétaires réels des sociétés minières et sur l’exigence de transparence des relations financières entre le gouvernement et les sociétés d’Etat intervenant dans le secteur minier.
« Avec l’équipe, nous allons vérifier les différents points à corriger. Si ces corrections sont faites, nous pouvons passer à une autre étape, celle de progrès satisfaisants », a insisté le président du comité de pilotage. Et justement, selon Dylan Gélard, directeur de l’Afrique de l’Ouest francophone à l’ITIE, le Burkina est sur la bonne voie. « En termes de sujets d’amélioration, il y a notamment les divulgations qui concernent les entreprises d’Etat au Burkina Faso. Il y a aussi l’amélioration des divulgations sur la contribution économique et sociale du secteur minier (comprendre combien d’emplois sont générés, s’assurer qu’il y a la participation des femmes dans le secteur minier) », a expliqué l’expert.
Les différents rapports ITIE qui retracent les flux financiers entre l’Etat et les sociétés minières visent à donner les clés de compréhension au citoyen sur le niveau de la contribution du secteur extractif au développement économique et social du pays.
Pour rappel, l’ITIE est une norme internationale de promotion de la bonne gouvernance dans le secteur de l’extraction des ressources naturelles. Elle a été lancée en 2002 suite à un mouvement international de protestation de la société civile contre le paradoxe de la paupérisation des populations des pays riches en minerais. Et conformément aux exigences de la norme ITIE, les entreprises extractives doivent déclarer les montants qu’elles paient aux Etats et les Etats, ce qu’ils perçoivent de ces entreprises.
Le processus consiste à produire périodiquement des rapports sur les paiements et les recettes et à les publier à l’attention des citoyens. Ce qui permet de rendre visibles et transparentes les retombées réelles du secteur des industries extractives pour le développement économique des pays adhérents. C’est en 2008 que le Burkina Faso a décidé d’adhérer à cette initiative en vue de conforter son option d’exploitation des ressources minières contribuant à la réduction de la pauvreté, au développement durable et à la promotion d’une meilleure communication entre les différents intervenants du secteur minier.
Tiga Cheick Sawadogo
Source Lefaso.net