Officiellement, les premiers cas confirmés (02) de Covid-19 au Burkina Faso ont été notifiés le 9 mars 2020. Depuis lors, les cas confirmés ont grimpé jusqu’à passer la barre des 500 cas le 14 avril 2020. Pour faire face à la maladie, le gouvernement burkinabè a pris des mesures allant de la quarantaine des villes touchées au couvre-feu général. Plusieurs secteurs d’activités sont ainsi impactés et les sociétés minières n’y échappent pas.
Plusieurs villes du Burkina Faso sont touchées par la pandémie du Covid-19 et sont placées sous quarantaine par les autorités. A la date du 14 avril, 542 cas confirmés étaient comptabilisés. Parmi ces cas, des employés de plusieurs mines en activité. La mine de la société Endeavour Mining est de celles-ci. La mine a enregistré trois cas de Covid-19, dont un cas à Ouagadougou et deux sur son site de Houndé (Région des Hauts-Bassins) tous déclarés guéris à la date du 5 avril.
Pour éviter la propagation de la maladie, la mine a mis en quarantaine toutes les personnes qui sont entrées en contact avec les cas confirmés avant leurs guérisons. « La mise immédiate en quarantaine et les tests réalisés nous ont permis d’éviter la propagation du virus. D’ailleurs sur les trois (3) cas, deux (2) cas étaient déjà des personnes en quarantaine car elles étaient des contacts directs du premier cas », a expliqué Adama Soro, Directeur Pays d’Endeavour Mining pour le Burkina Faso.
D’autres mesures ont également été prises par la mine pour renforcer la lutte. Entre autres, la compagnie a mis en place une cellule de crise soutenue par un médecin épidémiologiste qui conseille le groupe, note la mise à disposition des produits désinfectants pour les mains, de matériels et d’équipements, l’intensification de la désinfection des bureaux et des sites, l’adoption du télétravail pour quasiment l’ensemble du personnel administratif ou la restriction des visites non essentielles sur les sites.
Presque les mêmes mesures barrières sont adoptées par toutes les minières à l’instar de Nantou-Mining, le seul site minier et industriel non aurifère du Burkina. La mine qui produit environ 160 000 tonnes de concentré de zinc par an n’a pas enregistré de cas sur son site. « Nous n’avons pas enregistré des cas confirmés sur site. Deux personnes ont contracté le virus, elles sont à Ouagadougou, mais ont recouvré la santé. Les deux ont, depuis, été testées négatives et elles ont repris le travail », à la date du 15 avril, a fait savoir Daniel Marini, Directeur général et Vice-Président des Opérations à Nantou-Mining. Le site de Perkoa est en autarcie et ne reçoit personne à l’exception des rotations qui ont été rallongées à 28 et 32 jours avec un suivi médical complet précédent la reprise. Sur le site, toutes les mesures de distanciation sociale et d’hygiène connues ont été prises depuis plus d’un mois, y compris le port obligatoire du masque.
Autre minière, le 14 avril, par arrêté, le village d’Essakane, la mine d’Essakane et Essakane site (Région du Sahel) ont été placés en quarantaine. Pour cause, des cas de Covid-19 ont été découverts dans ces sites. Au total, ce sont 14 localités qui ont été mises en quarantaine depuis le début de la pandémie, le 9 mars 2020. Parmi ces localités, certaines comme Houndé, Boromo, Kongoussi et Sindou abritent des sites miniers. En outre, les transports inter-villes ont été suspendus, les frontières fermées et un couvre-feu de 19h à 5h du matin a été décrété. Comment les minières vivent-elles ces mesures ?
Même si « quelques difficultés » existent notamment pour la mise en œuvre des décisions telles que le couvre-feu et la mise en quarantaine des villes touchées, elles sont pour Endeavour Mining « nécessaires ». « Nous soutenons les décisions prises. Nous renforçons et adaptons nos propres mesures afin qu’elles soient toujours conformes aux recommandations des autorités nationales », a déclaré Adama Soro. La compagnie travaille en outre en étroite collaboration avec les autorités. Des plans ont été établis par Endeavour Mining pour s’adapter au mieux aux décisions prises par le gouvernement, poursuit le Directeur Pays.
Du côté de Nantou-Mining, Daniel Marini, Directeur général et Vice-Président des Opérations, précise que les consignes édictées par le gouvernement sont respectées. « Nous sommes convaincus que ces mesures sont prises pour le bien de toute la population et nous avons pris toutes les dispositions pour les respecter comme telles. En cas de besoin, nous faisons recours aux autorités administratives afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour nos déplacements », a-t-il indiqué tout en précisant que l’impact de la maladie à coronavirus est perceptible.
Si le cours de l’or connaît une certaine embellie, du côté du zinc c’est le contraire. « Depuis le début de cette pandémie, nous constatons une baisse très forte du prix du zinc (entre -25 et -30%), ceci a un impact sur notre chiffre d’affaire. Jusqu’à présent, nous parvenons à exporter nos concentrés sans problème, car les marchandises sont exemptées de différentes restrictions. Mais si cela était amené à changer, nous serions très sérieusement affectés », a regretté Daniel Marini.
En sus de cet aspect, Nantou-Mining fait face à « une pression énorme » sur sa trésorerie du fait des « grosses commandes » passées auprès de différents fournisseurs afin d’éviter les pénuries de consommables essentiels. Aussi, du fait des mesures, la mine héberge 406 agents sur site pour limiter les entrées et sorties. En temps normal, ce nombre est d’environ 150 au maximum. « Nous nous attendons donc à une augmentation significative de nos coûts », a ajouté Daniel Marini.
Même si cette épreuve tend à générer plus de dépenses pour certaines minières, elles n’oublient pas leurs responsabilités sociétales. En vue de soutenir les centres de santé communautaires locaux autour de ses mines à Houndé et à Ouahigouya, Endeavour Mining a fait des dons de matériels et produits de protection contre le Covid-19, notamment des désinfectants pour les mains, du gel hydroalcoolique, des gants, des masques, du savon. « C’est au total plus de 8 millions de F CFA qui ont été mobilisés pour ces dons », a indiqué Adama Soro.
De son côté, la section Communauté de Nantou-Mining travaille en étroite relation avec les villages environnants. Des campagnes de sensibilisation sont faites autour des 13 localités ou villages qui bordent la mine. Des crieurs publics et les CVD ont été contactés et formés afin de relayer les informations importantes comme les précautions et le comportement à adopter en cas d’apparition des symptômes du Covid-19. Également, des messages de sensibilisation sur le Covid-19, les moyens de protection contre cette maladie sont diffusés en langues locales lyélé et mooré ainsi qu’en français.
En plus des actions individuelles, les minières du Burkina Faso mènent des actions communes. Ainsi sous la coordination de la Chambre des mines du Burkina (CMB), elles ont apporté leur soutien au gouvernement dans la lutte contre la maladie à coronavirus. Le jeudi 11 avril, un chèque de 200 millions de F CFA a été remis au ministère de la santé. Ce don, selon Tidiane Barry, Président de la Chambre des mines, s’inscrit dans le cadre d’un plan d’accompagnement global estimé à 400 millions de F CFA.
Tout comme plusieurs autres secteurs d’activités, les minières vivent au rythme du ralentissement des activités économiques. Les impacts sont réels et peuvent être évalués. Mais pour l’heure, priorité est à la synergie dans les actions afin d’éviter la propagation de la maladie à coronavirus. Rappelons que le Burkina Faso compte 15 mines industrielles dont 14 d’or et une de zinc. Le secteur minier est un important employeur, en 2018, il avait engendré 9.200 emplois directs et 26.100 emplois indirects.
Ignace Ismaël NABOLE
source: Burkina24.