min.jpgDu 15 au 17 janvier 2014, le Réseau africain des journalistes pour l’intégrité et la transparence (RAJIT) a organisé un atelier de formation sur « la gouvernance des industries extractives ». Objectif : contribuer efficacement à la transparence dans les industries extractives au Burkina. Une session de formation tenue grâce au soutien financier de l’ambassade de France au Burkina Faso.

Des journalistes burkinabè s’intéressent à la gouvernance des industries extractives

Trois journées studieuses et riches en informations pour la vingtaine de journalistes venus de Bobo, Gaoua, Boulsa, Djibo, Ouagadougou… Ils se sont familiarisés avec le cadre législatif et réglementaire des industries extractives (IE), le respect des obligations légales et contractuelles, le rôle des médias dans la gouvernance des IE… Ils ont également effectué une visite de terrain sur le site d’or de Mana dans la province du Mouhoun, histoire de se faire une idée sur les activités qui s’y mènent et les conditions de travail. Ces journées ont aussi été l’occasion de livrer le compte rendu des 3e Universités d’été sur la gouvernance des industries extractives qui se sont tenues en août 2013 à Yaoundé, au Cameroun. Trois membres du RAJIT y ont pris part. Là aussi, avec l’appui financier de l’ambassade de France au Burkina. Cette dernière estime, en effet, qu’aucun développement n’est possible sans la participation de tous les acteurs concernés et sans une bonne compréhension des politiques mises en œuvre.
Un boom minier et des interrogations

L’or est le premier produit d’exportation du Burkina. Le secteur permet ainsi à de nombreux burkinabè d’avoir un revenu consistant. Pendant qu’émerge une nouvelle classe de personnes aisées économiquement, le dynamisme du secteur minier soulève de nombreuses interrogations : combien gagne l’Etat burkinabè dans l’exploitation des ressources minières ? Que fait le gouvernement avec cet argent ? Les sociétés minières ne pillent-elles pas notre sous-sol ? Quelles retombées pour les populations riveraines ? Que fait le gouvernement face à la délinquance sur les sites, l’utilisation sauvage du cyanure, le travail des enfants, l’environnement ? Quelle est la réglementation applicable à ce secteur d’activité… ? Bref, les Burkinabè ont de plus en plus soif d’informations. Ils veulent comprendre pour mieux profiter du boom minier. Et, c’est tout l’intérêt d’un tel cadre de formation et d’information des journalistes qui sont des relais pour les populations, des éveilleurs de conscience, parfois aussi des dénonciateurs d’abus… .
Initiative louable des journalistes

Président de la cérémonie d’ouverture, le conseiller technique du ministre des mines et de l’énergie, Pascal Zombré a, au nom de son patron, salué la tenue de cet atelier des journalistes. La qualifiant « d’initiative louable qui vient montrer la volonté des journalistes à accompagner l’Etat dans la mise en œuvre de sa politique minière au profit de nos braves populations ». Et ce d’autant plus que le secteur minier est l’objet de « fausses perceptions et de fantasmes ». Loin d’être des ONG caritatives, « les entreprises minières sont venues pour se faire de l’argent dans la mesure de ce que les lois et les règlements de notre pays permettent », précise M Zombré. Mais, au-delà des taxes et impôts, elles s’engagent souvent pour un mieux-être des populations environnantes en investissant dans le social.
L’année 2012 en chiffres

Selon la Déclaration de politique générale du premier ministre prononcée en janvier 2013, les industries extractives au Burkina Faso représentaient en 2012 : 1 116 milliards de recettes d’exploitation, 20,1% du produit intérieur brut, 188,69 milliards de recettes propres, soit 18,5% des recettes propres de l’Etat. On enregistre à la même période 941 autorisations et titres miniers, 30,2 tonnes d’or contre 32,6 en 2011. Même si le secteur minier n’est pas un très grand pourvoyeur d’emplois, on dénombrait tout de même plus de 6200 emplois dans les mines industrielles, plus de 11 000 emplois directs dans l’ensemble du secteur minier et 3 fois plus dans le secteur des fournisseurs locaux des mines.

Au regard de ces chiffres importants et des griefs fait à l’endroit aussi bien des sociétés minières que du gouvernement, les Organisations de la société civile et les médias se doivent d’être vigilants tout le long de la chaine d’exploitation des industries extractives (l’amont minier, l’exploitation, la fermeture). « Les médias et la société civile interviennent dans les industries extractives pour demander à l’Etat d’être plus redevable des recettes provenant des industries extractives (…).Tel devrait être le combat des journalistes et de la société civile », a fait remarquer le président du RAJIT, Pierre Dabiré.

C’est pourquoi, au cours de cette formation, les journalistes ont appris à identifier les principales phases de l’exploitation minière, le rôle et les défis des acteurs de la bonne gouvernance, de la société civile et des médias en particulier…

Moussa Diallo

source: Lefaso.net

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