Le Centre National de Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) et la Chambre des Mines du Burkina (CMB) ont organisé le 25 septembre 2019 à Ouagadougou un colloque régional sur le traitement de résidus de charbon actif dans l’industrie minière. Plusieurs participants venus du Burkina Faso et de la sous-région ont échangés leurs connaissances sur la question.
Le charbon actif, obtenu par traitement à haute température d’écorces de noix de coco ou de noyaux de pêches, de tourbes, ou de lignites, est utilisé dans l’industrie minière (or, argent, cuivre) pour faciliter la récupération des métaux dissouts par cyanuration. L’usure de ce charbon actif lors des procédés produit le charbon fin. Le charbon fin issu de l’exploitation aurifère contient une charge aurifère non négligeable qui se retrouve dans les rejets liquides. Si ces rejets ne sont pas traités, les pertes peuvent représenter l’équivalent de près de 2% du chiffre d’affaire d’une mine d’or.
Au regard des enjeux autour de cette question, le CNRST et la CMB ont organisé en marge de la 4e Semaine des Activités Minières d’Afrique de l’Ouest SAMAO un colloque régional sur le traitement des résidus de charbon actif dans l’industrie minière le 25 septembre 2019 à Ouagadougou. Ce colloque, premier du genre en Afrique, a réuni des chercheurs, universitaires, ingénieurs métallurgistes, experts, et consultants, des représentants de Compagnies minières, d’Administrations publiques, des parlementaires, des anciens du secteur minier, des membres de la Société Civile, etc. en provenance du Burkina et de pays de l’Afrique.
Le charbon dans l’industrie minière
La modération du colloque a été assurée par Dr Moussa SYLLA, Président de Geomin SA -ancien Professeur de minéralurgie et métallurgie extractive à l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et ancien Directeur général des Mines et de la Géologie du Sénégal. Dans sa communication introductive, Dr Sylla expliqué la nature, l’origine, l’utilisation du charbon actif dans l’industrie minière, ainsi que les procédés de traitement du charbon fin.
Le premier communicateur, Marcelin Goumou, métallurgiste à la mine de Bissa Gold a présenté les procédés d’utilisation du charbon actif par sa mine pour l’extraction de l’or à savoir le Carbon In Leach (CIL) » CIL et le « Carbon In Column (CIC). Selon Monsieur GOUMOU pour optimiser l’utilisation du charbon actif, il faudra au préalable connaître sa résistance et son activité, les conditions atmosphériques de son traitement et la durée dudit traitement. La maîtrise de ces éléments permettrait de mieux rentabiliser l’extraction de l’or. Il a également présenté une estimation des quantités d’or perdues par sa mine dans les résidus de charbon.
Revenant sur les enjeux du traitement de résidus de charbon actif, le modérateur affirme qu’ils sont entre autres liés aux quantités relativement importantes d’or et d’argent qui peuvent être une source de revenus additionnels pour les compagnies minières et les Etats ; à la création d’emplois supplémentaires dans les mines d’or et dans la chaine logistique et à l’atténuation des risques environnementaux liés à la présence de charbon fin dans les rejets liquides.
En termes de partage d’expériences, le colloque a connu la participation la raffinerie de charbon GOLDPLAT du Ghana. Son expert en traitement de résidus miniers, Dr Robert Pitts SMITH a présenté les techniques de récupération de métaux précieux à partir de sous-produits issus du processus d’extraction des minerais. La société GOLDPLAT reçoit et traite des résidus provenant de plusieurs d’Afrique et du monde.
La recherche et les innovations sur le charbon
Cette rencontre a également été l’occasion sur des chercheurs du réseau scientifique du CNRST de présenter les résultats de leurs recherches sur le charbon. Ainsi Dr Ibrahim TCHAKALA de l’Université de Lomé au Togo, a présenté l’étude de la préparation des charbons actifs à partir des résidus carbonés des industries de transformation agroalimentaire le cas des tourteaux de karité et des tourteaux de coton. Face à la production massive des déchets industriels et ménagers et leur caractère encombrant et dangereux, le chercheur indique que l’objectif de ses travaux est de préparer des charbons actifs à partir de sous-produits carbonés des industries agroalimentaires en vue d’éliminer les polluants.
Dr Yacouba SANOU de l’Université Joseph Ki-ZERBO du Burkina Faso a quant à lui présenté l’étude de la performance des charbons actifs dans le traitement de l’eau arséniée et la récupération de l’or au Burkina Faso. Ces travaux pilotés par le Pr Samuel Paré sont une contribution à la purification des eaux au regard des effets liés à la consommation des eaux polluée au Burkina Faso et plus précisément dans la commune de Mogtédo, province du Ganzourgou.
Durant le colloque régional sur le traitement de charbon actif, l’engouement et les interventions des participants ont dénoté de leur l’intérêt pour le sujet qui est aussi d’actualité. Les premiers responsables du CNRST et de la CMB se sont félicités du succès de cette rencontre qui serait le point de départ d’un partenariat entre les deux structures.