L’exploitation artisanale de l’or, plus communément appelé orpaillage, a été le thème développé par l’émission Zoom mine du mois d’octobre. Pour en discuter, Séka KY, ingénieur des Mines, était l’invité de l’équipe de production.
Le terme orpaillage désigne, pour bien de personnes l’exploitation artisanale de l’or. Cette pratique, bien connue des burkinabè, connait un engouement particulier de la part des populations. Ses procédés, son évolution et son corolaire de conséquences nous sont présentés dans le magazine de ce numéro de zoom mine.
L’histoire aurifère du Burkina Faso remonte à l’époque précoloniale. Les gisements actuels, en exploitation, sont des anciens gisements qui ont été redécouverts. En plus d’être une source d’activité pour les populations rurales en saison sèche, l’exploitation artisanale de l’or est une source de devises pour ces populations. Elles parviennent ainsi à assurer leur survie. Le code minier de 2003 définit, l’exploitation artisanale de l’or comme étant l’opération qui consiste à extraire l’or en utilisant des procédés traditionnels et manuels. Elle n’utilise pas d’équipement et énergie mécanique.
Une pratique aux lourdes conséquences
L’exploitation artisanale de l’or telle que pratiquée de nous jours ne se fait pas sans conséquences. Elle a un impact négatif sur le couvert végétal. De même, les aires classées et protégées sont envahies par des exploitants menaçant ainsi la faune et la flore.
Une autre conséquence de l’exploitation artisanale est la contamination de la nappe phréatique du fait de l’utilisation de produits chimiques dangereux. Les réserves d’eau et même la vie humaine s’en trouvent désormais en danger.
Au niveau social, cette activité entraine le développement d’autres fléaux que sont la consommation de la drogue, la prostitution, etc.
Cependant face aux conséquences de l’activité, des initiatives sont développées de part et d’autre pour encadrer le secteur. Le syndicat national des orpailleurs propose des mesures telles que l’utilisation du ciment pour soutenir les galeries et éviter les éboulements. Il encourage aussi à la protection de l’environnement. Du coté de l’administration publique des solutions sont également proposée, parmi lesquelles la fermeture des sites d’exploitation en saison pluvieuse. Des perspectives sont envisagées en collaboration avec plusieurs entités ministérielles en vue de trouver des solutions idoines pour mieux organiser le secteur de l’exploitation artisanale de l’or au Burkina Faso.
Mettre l’accent sur la sensibilisation
Sur le plateau de l’émission, l’invité, Séka KY clarifie tout d’abord les terminologies. Il explique que dans le contexte Burkinabè l’utilisation du terme « Orpaillage » est un abus de langage car celui-ci à la base désignait la recherche de l’or dans la boue des cours d’eau. Il est pratiqué sous d’autres cieux.
L’exploitation artisanale de l’or est officiellement reconnue. Ainsi, le titre d’exploitation artisanale est délivré par le ministère des mines sur demande. Il a une validité de 2 ans et est assorti d’un cahier de charge qui permet ainsi à l’autorité de réguler et encadrer l’activité. Cependant M. KY relève que bien de sites d’exploitation artisanale sont dans l’illégalité car n’ayant pas fait l’objet d’une demande au ministère en charge des mines.
En outre, il y a quelques années en plus d’être encadrée sur le terrain par le Comptoir Burkinabè de Métaux Précieux (CBMP), l’exploitation se faisait de manière véritablement artisanale sans moyens techniques et chimiques Aujourd’hui le CBMP a été supprimé et on assiste à la prolifération de nouvelles pratiques interdites par la loi comme l’utilisation du mercure ou du cyanure.
Selon l’invité il est primordial de mettre l’accent sur la sensibilisation afin de maitriser le secteur. Il faut aussi une implication à tous les niveaux pour une synergie d’action afin de contrôler et encadrer le secteur. Le regret de M. KY est l’impossibilité de chiffrer les retombées exactes du secteur de l’exploitation artisanales sur l’économie du Burkina Faso ; l’Etat ne disposant pas d’information sur la quantité réelle d’or produite. Il plaide en faveur de la création d’une structure d’encadrement et qu’elle soit dotée des moyens pour suivre, sensibiliser et accompagner le secteur.
La page actualité et les cours moyens mensuel de l’or et du Zinc du mois situés respectivement à 1238 $ l’once et 2292 $ au comptant durant le mois de septembre, ont refermé les portes et fenêtres de ce numéro de zoom mine.
Lionel Christian BOUGAIRE
(stagiaire à la Chambre des Mines)