La campagne pour la présidentielle au Burkina Faso s’est ouverte le 8 novembre dernier suivie de celle des législatives le 15 novembre. Les quatorze candidats à la présidentielle sillonnent les quatre coins du pays à la rencontre de l’électorat. Dans cette course à la conquête des voies, tous les sujets ou presque sont abordés. Parmi les questions les plus évoquées, figure en bonne place le secteur des mines. Nous vous proposons un résumé de la vision de certains candidats pour le secteur minier du Burkina Faso.
Victorien Barnabé Wendkouni TOUGOUMA, Candidat du Mouvement Africain des Peuples (MAP) , compte s’il est élu au soir du 29 novembre 2015, auditer tous les contrats miniers pour dénoncer les contrats léonins et sanctionner les fraudes, poursuivre le pôle de croissance minier du Sahel en favorisant les investisseurs nationaux et africains, consacrer 25% des recettes minières aux investissements pour les générations futures, encadrer strictement l’orpaillage pour éviter les drames humains et mettre en place une politique de professionnalisation et de conversion des orpailleurs.
Adama KANAZOE de L’Alliance des Jeunes pour l’indépendance et la République (AJIR) constate que « malgré le boom minier qu’a connu notre pays au cours de ces dernières années, on a du mal à ressentir les effets de l’exploitation minière sur les conditions de vie de nos populations et sur les autres branches ou secteurs d’activités de l’économie nationale. Or, le secteur minier devrait et pouvait être un puissant levier de notre développement si les ressources qu’il générait étaient réinjectées dans des investissements productifs et créateurs de richesses (agriculture, élevage, pêche, industries agroalimentaires, art et culture, sport et loisirs, etc.). Ce qui n’est visiblement pas le cas en ce moment. »
Il envisage de :
Passer de l’exploitation artisanale de nos ressources minières aux groupements d’exploitation semi-mécanisée ;
Renforcer notre capacité technique en termes d’exploitation de l’or ;
Intensifier la prospection minière en vue de découvrir d’autres métaux de base.
Selon lui, ces mesures permettront de créer 50 000 emplois directs et indirects.
Roch Marc Christian KABORE, Candidat du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) se propose « dans le but de consolider les efforts positifs en cours » de prendre les mesures suivantes :
la valorisation du potentiel géologique du Burkina Faso par la mise en évidence de tous les gisements miniers dont dispose le pays, à travers :
la production d’informations géologiques et minières utiles à la recherche ;
l’équipement des experts nationaux de moyens matériels capables d’effectuer des levées aéro-géophysiques sur le territoire national ;
la création d’une banque nationale de données géologiques et minières ;
l’incitation et la diversification des investisseurs nationaux et étrangers dans le secteur minier.
l’incitation de l’exploitation à petite échelle en vue d’attirer les petits investisseurs nationaux à travers :
la prospection et l’évaluation des zones propices à l’activité de la petite mine ;
la mise en place d’une unité des essais pilotes d’exploitation à petite échelle ;
l’identification des zones appropriées à l’orpaillage ;
la délivrance des autorisations d’exploitation aux orpailleurs en vue du suivi de leurs activités ;
la restriction de l’orpaillage traditionnel aux seuls nationaux.
l’organisation du cadastre minier sera assurée par la mise en place d’un système autonome capable d’intégrer toutes les données garantissant une gestion transparente et efficiente. C’est pourquoi l’amélioration des textes réglementaires et des lois existants se fera à travers :
la révision du Code minier pour le conformer aux nouveaux enjeux du secteur ;
la révision des procédures d’attribution des permis en vue de prendre en compte les nouveaux enjeux du secteur ;
l’amélioration des textes de politique et de gestion du secteur minier garantissant la transparence et la bonne gouvernance ;
la vulgarisation des textes législatifs et réglementaires auprès de tous les acteurs, y compris les autorités locales et les populations résidentes ;
l’intégration de l’information sur le destinataire des importations des produits destinés aux miniers dans le système informatique en vigueur utilisé par les services de douanes lors de l’octroi des avantages douaniers;
la mise en place d’une plateforme informatique commune à toutes les régies de recettes ;
la dotation de la perception spécialisée auprès des Mines d’un système de gestion et de suivi informatisé des recettes minières.
la gestion des impacts environnementaux des mines et des sites d’orpaillage par :
le suivi des impacts sur les qualités pédologiques des terres agricoles des produits chimiques ;
le suivi des changements hydrologiques et hydrogéologiques des retenues d’eau causés par l’utilisation des produits chimiques ;
le contrôle strict de l’utilisation des produits chimiques ayant des impacts sur la flore et la faune ;
le suivi des procédés d’extraction physique et chimique des minerais afin de réduire les effets des effluents sur les retenus d’eau ;
le suivi des activités de réhabilitation des mines ;
l’élaboration d’instruments légaux permettant aux communes d’assurer le
suivi des impacts environnementaux ;
suivi effectif des versements au fonds de réhabilitation pour l’environnement ;
l’exigence de la participation citoyenne aux études d’évaluation des impacts environnementaux ;
l’application stricte des textes réglementaires sur le partage des ressources en eau entre les populations résidentes et les compagnies minières ;
l’interdiction stricte de l’orpaillage sur les aires protégées.
la gestion de l’impact sanitaire et du cadre de vie par :
le contrôle régulier de l’état de santé des populations résidentes en vue de prévenir des cas de contamination aux produits chimiques ;
la réglementation de la prostitution sur les sites miniers et les sites d’orpaillages ;
la construction de services de santé de base sur les sites miniers et les sites d’orpaillages ;
l’exigence du port de matériels modernes de protection par les ouvriers des mines et les orpailleurs ;
la sensibilisation des ouvriers et des orpailleurs sur les bonnes pratiques en matière de santé sur les sites d’exploitation…Lire la suite